Musique / On est tous d'accord : Philippe, le dernier album de Katerine, ce n'était vraiment pas ça. Mais avec Katerine, il y a toujours un double fond, un train électrique qui en cache un autre (le très pop Les Créatures et son pendant lo-fi L'Homme à trois mains, le double segment Hélicoptère dans le film Peau de cochon). Donc, tandis qu'il enregistrait les vaines miniatures de Philippe, Katerine bricolait avec un groupe nommé Francis et ses peintres «52 reprises dans l'espace» de standards français, d'abord uniquement disponibles sur un site internet. L'affaire fit son petit effet car les chansons, loin de n'être que des gadgets amusants, démontraient que le garçon n'avait rien perdu de son oreille musicale. Et pourtant ! Transformer Partir un jour des 2B3, en balade mélancolique, ou À toutes les filles que j'ai aimées en morceau cool jazz à la Henry Mancini ne tombait pas sous le sens... Katerine et ses acolytes témoignent ainsi d'un génie réjouissant du contre-pied : pour Rectangle de Jacno, la mélodie au synthé originale est reprise au ukulélé, complétée par une ligne de basse, une batterie et des claquements de doigts ; à l'inverse, Un lapin de Chantal Goya est mis à poil avec juste une petite rythmique analogique ; Qui c'est celui-là, débarrassé de son attirail tropicaliste, se transforme en grande cavalcade rock ; et Le Cimetière des éléphants finit dans une décharge punk entre les Stranglers et P.I.L. Katerine connaît ses classiques, tous ses classiques, et tire de la pire variétoche française le meilleur de la musique pop. Un bel exploit qui connaît aujourd'hui une édition en triple CD et une mini-tournée qui, bonheur, passe par Les Abattoirs de Bourgoin-Jallieu cette semaine.
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