Dans les œuvres de Daniel Clarke en 2005, le soleil brillait, les couleurs éclataient et la chaleur faisait vibrer l'atmosphère des plages et des jardinets. Non sans qu'une inquiétante étrangeté ou une présence un peu morbide sourdent ici ou là, Daniel Clarke se faisait connaître comme un peintre du bonheur et des scènes de vie familiale. «L'une des démarches qui m'a toujours intéressé, déclare l'artiste dans un entretien, est l'idée que, comme Morandi, si l'on aiguise un sujet en particulier, que ce soit des bouteilles ou mes enfants ou ma femme et que l'on travaille suffisamment cette idée, durant assez longtemps, cette idée particulière s'ouvrira comme une fleur géante». Et parmi ses œuvres récentes, une grande fleur vaginale s'ouvre concrètement aux côtés d'une statue d'Aphrodite et d'un enfant. La sexualité, l'étrangeté, la tension au sein de la banalité se font aujourd'hui de plus en plus intenses, de plus en plus visibles. «Je veux apporter à mes œuvres des compositions plus oniriques et offrir à mes émotions plus de liberté, afin de montrer l'autre côté du miroir» dit encore Daniel Clarke. La pierre statuaire (qui relève à la fois du passé mythologique et de la mort) côtoie le vivant dans ses tableaux, la lumière l'ombre noirâtre, le visage souriant les masques fermés. Une densité nouvelle où la figuration s'ouvre à un imaginaire à la temporalité plus épaisse, à un imaginaire plus angoissé et vénéneux aussi.
Jean-Emmanuel Denave
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