La nouvelle exposition consacrée à Joachim Koester à l'IAC avait tout pour nous plaire sur le papier... Cet artiste danois réputé, né en 1961, investit la quasi totalité des espaces pour présenter des photographies et des vidéos autour, essentiellement, des thèmes de la perturbation des perceptions, des phénomènes de transe, d'états seconds ou paranormaux. Si la scénographie s'avère sympathique (plongée dans l'obscurité du spectateur pour découvrir les vidéos), le travail de Koester se réduit à de simples jeux de références et de renvois historiques non exploités, non approfondis. L'artiste s'est intéressé par exemple au château iranien d'Alamut, haut lieu du haschisch, aux promenades du philosophe Kant à Königsberg ou à une villa en Sicile qui abritait au début du XXe Siècle une étrange communauté dirigée par l'occultiste Aleister Crowley... Autant de sujets ou de lieux chargés de mémoire passionnants que l'artiste se contente surtout de photographier ou de filmer dans leur état actuel (souvent en noir et blanc et sans son) en y ajoutant ici et là quelques effets plastiques (des images présentées à l'envers, comble du ridicule ; un film solarisé, comble de la désuétude)... Pire, son film sur la tarentelle ne donne lieu qu'à une chorégraphie hystérique sans intérêt et celui sur les dessins sous mescaline de Michaux n'est que gribouillis saccadés ! Bref, de belles références, mais de bien maigres expériences plastiques...
Jean-Emmanuel Denave
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