Cet étrange projet, sorte de version underground de la série Masters of horror, confie à une poignée de cinéastes œuvrant dans la transgression filmique le soin de réaliser un court-métrage horrifique sans contrainte de durée ou de thème. Le résultat est évidemment inégal, parfois même catastrophique, notamment le premier segment signé du pourtant génial Richard Stanley, qui pédale dans la choucroute du téléfilm M6 vintage revu à la sauce JT de Jean-Pierre Pernault, terroir français inclus. Tom Savini semble profiter de l'occasion pour rajouter tardivement un segment à Creepshow et Karim Hussain s'embourbe dans un propos d'ado attardé sur l'expérience de mort imminente déjà pénible dans le Martyrs de Pascal Laugier. Ça, c'est pour les ratés.
En revanche, Douglas Buck signe une brève mais magistrale leçon de mise en scène, où chaque image est griffée en orfèvre pour faire sentir de manière impressionniste et sensible le regard d'une enfant sur la mort. Buddy Giovinazzo s'expatrie en Allemagne d'où il ramène une étrange histoire d'amour au crépuscule, baignée dans un réalisme terne et reposant essentiellement sur le dialogue et les comédiens, très bons. Le meilleur film, c'est celui de l'inconnu David Gregory : une sarabande pop déconstruite, outrancière mais très maîtrisée, où le sommet de l'horreur consiste à manger son prochain dans un rituel proche de l'art contemporain. Une proposition esthétique pour le coup franchement subversive et dérangeante.
Christophe Chabert