On dégraisse la symphonie !
Daniel Kawka et l'Ensemble Orchestral Contemporain livrent une 4e symphonie de Mahler étonnante. On connaît les pâtes sonores du compositeur, ses élans, ses couleurs d'orchestre éblouissantes. On connaît ses envolées, comme ses longues plaintes qui renversent tout sur leur passage. Mahler est le maître incontesté du grand orchestre.
Alors qu'a-t-il pris à Daniel Kawka de faire entendre la sublime 4e symphonie dans sa version réorchestrée par Erwin Stein en 1921, pour une voix de soprano - interprétée ici par Isabel Soccoja - et 12 instruments ? Composée en 1900, cette 4e concentre à elle seule toutes les interrogations de Mahler, tous ses paradoxes : amoureux fou de la nature, des musiques populaires, on retrouve dans l'œuvre ces ambiances tantôt bucoliques, tantôt festives.
On aperçoit également, au fil des mouvements, toutes les souffrances intérieures d'un homme rarement apaisé. Sa 4e symphonie allie enthousiasme quasi naïf et tourments les plus profonds. Sa musique, si bouleversante, ressemble à une confession dite au creux de l'oreille.
On sait tout ce que le maître a apporté au traitement de l'orchestre alors, on aurait aimé l'entendre cette version initiale. Daniel Kawka se consacre au répertoire du XXe siècle depuis longtemps, il choisira d'être honnête avec la partition, mais vous l'aurez compris, Mahler se mérite en totalité.
Pascale Clavel
4e symphonie de Mahler
Au Théâtre de la Croix Rousse
Dimanche 30 septembre