Quarante ans, le début de la fin ? Pas pour la Bibliothèque Municipale de Lyon qui, avec le concours du géant Google, marque le coup en entrant de plain-pied dans la modernité avec la mise en ligne de numelyo, son fonds numérique. Nadja Pobel
Qu'on se le dise, c'est un cadeau que vous offre la Bibliothèque Municipale (BM) à l'orée de Noël et à l'occasion du 40e anniversaire de son site de la Part-Dieu, ouvert précisément en décembre 1972. Car depuis quelques jours, le service numelyo est accessible via le site internet de la bibliothèque. Derrière ce mot-valise, se concentre le grand projet de numérisation des documents imprimés que Lyon a lancé depuis dix-huit ans et qui a été rendu possible grâce à l'entrée dans le processus, souvent contestée, de Google, embauché en 2008 comme prestataire de service par la BM.
Cette bibliothèque numérique, la plus grande actuellement en Europe, prévoit d'héberger 400 000 documents en 2015 ; 270 000 sont déjà en ligne. Qu'y trouve-t-on ? Des livres imprimés entre 1450 (début de Gutenberg) et 1920 (fin de la période libre de droit), un millier d'affiches de 1890 à 1950 de Toulouse-Lautrec ou Jules Chéret, grâce notamment au fond du collectionneur lyonnais Legendre... Puis des estampes, des enluminures, la presse lyonnaise de 1790 à 1944... Autant de documents à lire en ligne, imprimer, zoomer, envoyer à autrui ou dont on peut copier-coller le texte.
Humain avant tout
Et voilà qu'au hasard de la navigation on trouve les Gargantua et Pantagruel de Rabelais avec des illustrations de Gustave Doré ou le théâtre de Corneille et les fables de La Fontaine. Mais numelyo n'est pas une base de données abstraite. Chaque document s'accompagne d'une description permettant de resituer l'œuvre dans le contexte qui l'a vue naître. De nombreux dossiers thématiques avec des cartes, peintures, photos et textes sont aussi mis à disposition de l'internaute sur des sujets très divers (Lyon au XIXe ou au XVIe siècle, le code civil, Isaac Newton) tout comme les archives des expositions menées à la Part-Dieu depuis 2005.
Bientôt une lecture vocale des documents à l'intention des malvoyants sera disponible. Face à cette dématérialisation, les bibliothécaires gardent paradoxalement une place précieuse de guides et conseillers par la rédaction de notules et dossiers et les réponses qu'ils s'engagent à fournir en 72h à n'importe quelle question par l'entremise des Guichets du savoir. Aujourd'hui, la bibliothèque est en partie numérisée. Demain, dès 2013, les prêts et retours seront automatisés. Son indéniable évolution lui permet de rester plus que jamais ce formidable outil de culture, accessible à tous quasiment gratuitement et ce dans pas moins de quinze sites répartis dans la ville.