D'Ulrich Seidl (Aut, 2h) avec Margarete Tiesel, Peter Kazungu...
Le hasard a voulu que deux cinéastes autrichiens intitulent leur film de la même manière, Amour : Michael Haneke et Ulrich Seidl — le «Paradis» est en fait le titre d'une trilogie dont le prochain volet s'appellera Foi et sortira en mars. Ceci étant, là où Haneke prend ce sentiment au premier degré, Seidl se situe immédiatement dans l'ironie : ici, l'amour, c'est celui que prodiguent contre rémunération des Kenyans à de vieilles autrichiennes venues faire du tourisme sexuel. L'une d'entre elle, trop naïve, espère trouver un amant désintéressé, mais elle ne tombe que sur des escrocs plus rusés que la moyenne. Seidl se moque de son héroïne et de ses compatriotes, moches, stupides, racistes, jusqu'à cette scène authentiquement pornographique où elles tentent de faire bander un gigolo black dans leur chambre d'hôtel. Mais il ne suffit pas de dénoncer le racisme pour ne pas tomber dedans : les Kenyans sont observés avec une distanciation glaciale qui les transforme en clichés — fourbes, fainéants, cupides. En fait, ce n'est que la conséquence d'une misanthropie détestable qui s'affichait au grand jour dès le générique, où Seidl fixait sa caméra sur le pare-brise d'autos-tamponneuses conduites par des trisomiques qui se rentrent dedans en riant. Sans doute une métaphore de sa vision de l'humanité...
Christophe Chabert