De Gérard Mordillat (France, 1h17) avec Jacques Weber, François Morel, Patrick Mille...
À chaque crise ses films d'époque. C'est en suivant cet adage, pour mieux le renverser par le langage et nos traditions, que Gérard Mordillat adapte la pièce de Frédéric Lordon, D'un retournement l'autre - comédie sérieuse sur la crise financière. Par le langage, le verbe et donc l'écriture, puisque tout dans cette relecture des évènements sous l'ère Sarkozy (ici roitelet égaré entouré de banquiers peu scrupuleux et bardé de conseillers zélés) est joué comme du Molière et de façon purement théâtrale, jusqu'au décor épuré. On n'a rien contre ce genre d'expérience (d'autres l'ont fait depuis belle lurette), mais il faut dire que le procédé, pas très malin cinématographiquement, se révèle vite assez saoulant. Entendre chanter en alexandrins la novlangue bancaire pour s'en moquer joyeusement amuse deux minutes, mais l'ironie du dispositif ne va pas très loin. Pire, les banalités satiriques s'enchaînent jusqu'à transformer le tout en petite pochade pouet-pouet bien de chez nous.
Jérôme Dittmar