Oubliez tout ce que vous savez du cirque. Le chapiteau coloré, les fauves aux manières de gros chatons, les acrobates aux corps élastiques, les clowns attifés comme des figurants d'une publicité pour lessive, tout ça, c'est bon pour un samedi soir chez Patrick Sébastien. Quand Les Encombrants font leur cirque, comme ils le feront vendredi 8 février au Théâtre de Vénissieux, c'est sur une piste aux étoiles improvisée dans une décharge, avec la complicité d'une mante religieuse équilibriste, d'une famille de boîtes de sardines passée maître dans l'art du trapèze volant ou d'une carcasse de cheval à la voix de stentor, et le résultat est anti-spectaculaire au possible. Il faut dire que les encombrants en question, marionnettes à taille humaine manipulées avec une dextérité et un sens du burlesque sans pareils par les membres du Théâtre La Licorne, sont des vieillards un peu séniles sur les bords et très arthritiques au milieu. Un handicap qu'ils compensent par une fantaisie de tous les instants, faisant de cette mise à jour du Bestiaire forain, dans lequel la metteur en scène Claire Dancoisne multipliait déjà les visions poétiques à base d'animaux bricolés et d'airs d'accordéon foutraques, un réjouissant et bienvenu divertissement.
Benjamin Mialot