Et si dans la fable du Petit Poucet, il n'y avait pas que l'ogre et le petit garçon ? Et s'il fallait aussi compter avec la femme de l'ogre et ses filles, les ogresses, qui révèlent le caractère ravageur du père et la part insoumise de Madame ? Dans ce contexte digne d'un épisode de Strip-tease, l'auteur et metteur en scène Gilles Granouillet s'attache tout particulièrement à une des filles de l'ogre. Une fille pas comme les autres puisqu'elle est végétarienne et préfère se balader plutôt que jouer à «crever les yeux des chats» et «couper les pattes des sauterelles». Et puis elle aime lire, plongeant ses yeux dans les grandes pages du Petit Poucet tant et si bien qu'elle sait tout ce qui va advenir de l'histoire. Omnisciente et malicieuse, elle dévie astucieusement les plans machiavéliques de son père et protège Poucet qui finit par la trouver si charmante que le récit vire à la douce romance pré-adolescente. Granouillet trempe son spectacle dans la nuit (cage de scène noire), donnant ainsi plus d'éclats aux personnages qu'il choisit de mettre en lumière (la bonne ogresse et sa méchante sœur, la mère et Poucet). La ribambelle des ogresses et des frères de Poucet ne sont eux pas incarnés mais matérialisés par des boules rouges et bleues coiffées d'un bonnet de nuit ou d'une couronne selon leur rang. En allant ainsi à l'essentiel, le spectacle fait mouche quel que soit l'âge.
Nadja Pobel
Poucet pour les grands (dès 7 ans)
A l'Atrium de Tassin, mardi 12 mars
à l'Espace culturel de Saint-Genis-Laval, jeudi 14 mars
au Théâtre de Vénissieux, mercredi 20 mars