Odezenne. Ce pourrait être le nom d'un parfum à base d'huile de graine d'hibiscus, de concentré de jasmin et d'arômes de fleurs de cerisier, dont les notes fruitées et florales seraient vantées dans une publicité "clipesque" tournée par un équivalent asiatique de Baz Lhurmann (Riyuhei Kitamura, nous souffle un connaisseur) au pied du château de Nagoya. Ce pourrait, si le single le plus diffusé de ce quintette de rappeurs bordelais ne s'appelait pas Tu pu du cul.
Ce pourrait aussi être, si l'on en croit son langage fleuri, son monolithisme vocal et le swing de ses instrus, le nom d'un successeur pour public averti des trop polis Hocus Pocus. Ce pourrait, si ces freestylers aguerris ne se réclamaient pas de producteurs avant-gardistes (Flying Lotus, Daedelus, Madlib) et de Radiohead, ne faisaient pas montre d'un sens de l'humour pour le moins décapant et ne troussaient pas leurs punchlines assonantes comme d'autres composent des chansons en laisse – pour un résultat à l'incontestable mordant : «T'es sémaphore / Le microphone / C'est pas ton fort / Tu parles fort / Tu fais le ouf / Et tu t'étouffes / Moi je m'étoffe / T'es rikiki / Je t'apostrophe / J'suis Hasselhoff / Toi tu figures en bikini».
Au fond, Odezenne n'a pas grand chose d'un groupe de rap. Mais cela ne l'empêche pas d'être le représentant le plus percutant de cette «nouvelle garde du rap français» dont nous faisons gorge chaude depuis un an.
Benjamin Mialot
Odezenne
Au Club Transbo, jeudi 2 mai