Livrés frais aux Subsistances

Livrés frais aux Subsistances

Les Subsistances clôturent leur saison avec "Livraisons d'été". Soit une grande guinguette gastronomique et quatre créations singulières et attendues, dans les domaines de la danse et du théâtre.Jean-Emmanuel Denave

Pour les musiciens, le "pleurage" consiste à ralentir le son (un disque vinyle de 45 tours qui passe en 33 tours par exemple), l'auditeur pouvant alors avoir l'impression que la musique "pleure". Le "scintillement" renvoie lui à la déformation en accéléré du son. L'auditeur perçoit ainsi une musique qui s'emballe, qui "brille". Pleurage et scintillement, création de l'Association W. aux Subsistances, c'est donc la musique de la vie qui ralentit ou qui accélère. Une idée simple qui suffisait d'ailleurs à un philosophe comme Spinoza, dans son Ethique, à définir une vie, un individu : un rapport de vitesses et de lenteurs, mâtiné de quelques affects tristes ou joyeux... «Deux personnages se rencontrent de manière inattendue. Ils esquissent une sorte de valse des humeurs, sentiments et émotions se déclinent en variations», résume le circassien et danseur Jean-Baptiste André.

Créé avec Julia Christ (qui a le même parcours que lui, entre danse et cirque, mais avec une culture plus allemande), ce premier duo s'inspire directement de l'œuvre du photographe expressionniste suédois Anders Petersen. Dans ses images du Café Lehmitz à Hambourg, les couples se forment et se déchirent, les paumés enchaînent les danses improvisées, les prostituées éclatent en de grands rires carnivores, les bouches se collent avec avidité... Constitué de plusieurs séquences sur des morceaux de variété d'époques différentes, Pleurage et Scintillement donnera chair à plusieurs personnages de la série de Petersen. Et tentera, en un clin d'œil au Café Müller de Pina Bausch, d'inventer une danse-cirque aux accents humains, oscillant de la violence des sentiments à la fougue amoureuse.

De Spinoza à Fréhel

Plus abstraite et épurée, la création chorégraphique du collectif Loge 22 s'inspire elle des peintures géométriques d'Aurélie Nemours (1910-2005). Sur une musique minimaliste douce et hypnotique, le duo Comme étant de l'émiettement se trame d'un dialogue entre des courbes, des lignes, des horizontales et des verticales... Après le "spinozisme" de l'Association W., le plus cartésien Collectif 22 dessine en creux une géométrie de l'âme humaine. Du côté du théâtre, la Compagnie du Zerep part à la conquête d'une scène totalement baroque, entremêlant l'esprit et l'esthétique du western à ceux de l'univers de Georges Courteline ! Et Pierre Baux et Violaine Schwartz (auteure de Le Vent dans la bouche) nous entraînent dans une longue nuit d'ivresse sur les traces de la Java bleue et de Fréhel, grande chanteuse réaliste de l'entre-deux guerres.

Livraisons d'été
Aux Subsistances,  du mercredi 26 au samedi 29 juin
Guinguette gastronomique samedi 22 juin

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