Dans une centaine d'années, s'il reste quelque chose de cette planète, on se souviendra avec bien plus de déférence qu'ajourd'hui d'un Beautiful Freak nommé Mark Oliver Everett, alias Mr. E. Un type qui a ramé sur du bitume avant de pouvoir faire son trou dans le "business" (avec le sublime Beautiful Freak d'Eels justement, premier album édité par Dreamworks) et, malgré des albums tous plus magnifiques les uns que les autres, de ne cesser de s'y enfoncer.
On l'a dit dépressif et même suicidaire, poissard (sa famille passe son temps à mourir du cancer ou à se foutre en l'air), son groupe a changé maintes fois de configuration (ça, c'est peut-être un peu de sa faute), mais il est toujours là, avec un album, Wonderful, Glorious, saccadé et rageur, bileux et mélancolique. Il a du mérite : à part un noyau dur de fans et quelques journaux musicaux où il alimente davantage les notules que les gros titres, plus personne ou presque ne s'intéresse à Mister E. et à Eels.
D'où vient alors que lorsqu'on annonce quelque part un concert d'Eels, comme ici à Woodstower le 24 août, c'est l'hystérie générale ? Du fait que chaque concert d'Eels est un petit miracle. Quelque chose comme, E l'aurait dit mieux que nous, «un jour de chance en enfer».
Stéphane Duchêne