Au Petit Bulletin comme ailleurs, il nous arrive de casser un peu de la distance critique qui nous sépare des artistes peuplant nos pages. Généralement par amitié – pour un auteur rencontré au sortir du berceau, un prof de philo qui fut intellectuellement déterminant, un metteur en scène devenu quasi voisin de palier... Cela, nous le faisons bien sûr très rarement, et le prix à payer en culpabilité est à chaque fois élevé. Le cas de Seb Mellia est un peu particulier : avant de le voir à l'œuvre sur la petite scène du Boui-Boui (où il est à l'affiche jusqu'à la fin du mois), nous ne le connaissions que de réputation et pourtant, le mettre ainsi en avant heurte notre éthique.
Sans doute parce que ce Parisien de vingt-six printemps, qui après avoir fait ses armes dans le comedy club de Jamel anime celui fondé par le mec de Bref (le Bordel Club, au Théâtre Galabru) est, avec son sourire à la Parker Lewis, son débit de tuyauteur et ses bafouillages plein de naturel, le stand-upper le plus cordial qu'on ait vu cette année (avec Vérino), du genre à proposer une tournée de thé glacé au premier rang. Il est aussi l'un des plus talentueux, capable, en quelques apostrophes bien senties, deux-trois bruitages façon beatboxer et quantité de transitions plus invisibles que des serviettes hygiéniques Nana, de rendre des anecdotes somme toute ordinaires – ses emmerdes dans le RER B, ses frayeurs lors de ses nuits chez sa grand-mère réunionnaise, ses gamelles amoureuses - hilarantes.
Seb Mellia ne perd jamais !
Au Boui-Boui, jusqu'au samedi 27 juillet