Une heure et quart. Voilà le temps qu'il faut au metteur en scène Mohamed Brikat (qui joue aussi en alternance le rôle principal) pour emballer Les Fourberies de Scapin (aux Clochards Célestes jusqu'au samedi 30 novembre). C'est dire quel rythme effrené il impose à sa troupe. Et si, au début, celui-ci semble vertigineux, c'est en fait le bon. Il n'est en effet point nécessaire de laisser traîner les intrigues tant elles finissent par se percuter, la mécanique de l'écriture n'en devenant que plus visible.
Deux fils de vieux notables ne souhaitent pas se marier à celles qui leur sont promises car ils ont d'autres dulcinées en tête. Par l'intermédiaire du valet de leurs pères, Scapin, ils parviendront à leur fin, non sans avoir détourné quelques pistoles au passage. A ce postulat, Mohamed Brikat insuffle une faramineuse vitalité, glissant des mots d'arabe qui font mouche - notamment auprès des jeunes collégiens présents à la représentation à laquelle nous avons assisté. Malgré des costumes totalement d'époque (empruntés aux ateliers du TNP et créés à l'occasion des multiples pièces de Molière montées par Christian Schiaretti ces dernières années), Scapin est un malin qui pourrait sévir de nos jours, ne rendant service que s'il peut s'enrichir un maximum. Car aujourd'hui comme hier, le nerf de la guerre est encore l'argent.
Nadja Pobel