Amoureuse inconditionnelle de la langue française, la mezzo soprano suédoise Anne Sofie von Otter vient de sortir chez Naïve un double disque intitulé Douce France : l'un dédié à la mélodie française du XIXe siècle, l'autre, plus étonnant, consacré à la chanson, de Léo Ferré à Georges Moustaki en passant par Barbara. Anne Sofie von Otter avait déjà habitué son public aux grands écarts musicaux, passant allègrement de l'univers baroque le plus éclatant aux mélodies romantiques les plus tragiques. «Je n'ai jamais considéré aucune musique comme taboue. J'aime travailler, découvrir des partitions, changer de style, d'atmosphère...», déclarait-elle à ce propos à RFI.
Le récital qu'elle donnera à l'Opéra cette semaine, accompagnée par son complice de longue date, le pianiste Bengt Forsberg, redouble cette véritable déclaration d'amour à la France. Des mélodies savantes de Ravel, Saint-Saëns et Hahn y flirteront allègrement avec des chansons de Brel, Barbara, Trenet... Un heureux mélange, même si certaines de ses interprétations peuvent dérouter, à l'image de son Padam Padam, qui ne ressemble en rien à celui de Piaf - il est tout autre, léger, voire primesautier.
Sachant comme Anne Sofie von Otter s'approprie chaque mot, investit chaque phrase, se donne une mission pour chaque œuvre qu'elle interprète de sa voix de velours, de son chant constamment hissé à un degré d'intelligibilité extrême, de son timbre chaud et clair qui renverse tout sur son passage, on se régale par avance.
Pascale Clavel
Anne Sofie von Otter
A l'Opéra, dimanche 1er décembre