Son emblème est un moustique, mais c'est à un travail de fourmi que se livre Michel Jans depuis plus de vingt ans. Professeur d'allemand à la retraite, il est le fondateur de Mosquito, maison d'édition à la tête de laquelle, entre autres activités, il exhume des classiques plus ou moins oubliés de la bande dessinée italienne – dont l'œuvre de l'immense et regretté Sergio Toppi. Une démarche qui, à défaut de lui rapporter de quoi retaper un lieu de culte – Mosquito est basé à Saint-Egrève, en bordure de l'empire Glénat – lui aura valu un Prix du patrimoine à Angoulême en 2011. Ce week-end, c'est la librairie La Petite Bulle qui lui déroule le tapis rouge.
Pour l'occasion, Jans fera le déplacement avec cinq de ses ouailles, dont deux géants : Lele Vianello, émule du maître aquarelliste Hugo Pratt, dont il fut l'assistant, et auteur l'an passé avec Lunes Vénitiennes d'un élégant récit historico-occulte sis dans sa Sérénissime natale ; et le Belge Marc Wasterlain, qui collabora pour sa part avec le père des Schtroumpfs, Peyo, avant de créer le Docteur Poche, personnage emblématique du renouveau du Spirou (le magazine) post-Franquin. D'une adorable fantaisie bien que sous-tendues par un fort tracas écologique et humaniste, les aventures de ce médecin capable de voler sont d'une telle virtuosité que ledit Franquin, pourtant inégalé dans l'art d'être grave avec légèreté, avoua à la leur lecture enviait le coup de crayon de leur auteur. Un peu comme si Dieu applaudissait un enchanteur.
Benjamin Mialot
Sous les pavés les bulles
Place du Gouvernement (Lyon 5), samedi 7 et dimanche 8 juin