Chez les Bertrand, même si l'on pratique beaucoup le second degré, on ne plaisante pas avec la musique... Du travail, encore du travail, beaucoup d'humilité, voilà une recette familiale qui a fait ses preuves et leur ouvre toutes les portes. Aussi, quelle merveilleuse idée pour l'édition 2014 de l'Estival de la Bâtie que de réunir la Rolls Royce des duos – Emmanuelle Bertrand au violoncelle et son complice Pascal Amoyel au piano – et l'ensemble instrumental SyLF, dont le directeur artistique et contrebassiste n'est autre que Jérôme... Bertrand. D'autant que, le Duetto de Rossini, interprété voici quelques lunes par le frère et la sœur après une Truite de Schubert d'anthologie (toujours avec Pascal Amoyel au piano), laisse augurer d'une réunion de famille au sommet.
Le 8 juillet, dans une mise en scène de Jean Piat, le duo Bertrand/Amoyel nous fera d'abord partager la terrible expérience des musiciens des camps de la mort, sauvés par la musique, dans un spectacle poignant intitulé Les Notes de l'espoir. Le lendemain, à Saint-Just-Saint-Rambert, accompagné de la Maîtrise de la Loire et de l'ensemble instrumental SyLF, le duo donnera sur ce même thème sombre la parole aux enfants du camp de Terezin. En interview, Emmanuelle nous confiait récemment : «cela reste un mystère pour moi de savoir que les nazis pouvaient pleurer en écoutant du Schubert et, dans la minute suivante, assassiner des enfants». Ces deux concerts ne l'éclairciront pas, mais le transfigureront en une grand récital tragique.
Alain Koenig
L'Estival de la Bâtie
A Saint-Étienne-le-Molard (42) et environs, les 8 et 9 juillet