A peine leur spectacle de sortie présenté à la Colline (sur une mise en scène de Benoît Lambert), c'est sur une création estampillée L'Armoise Commune, du nom de la structure qu'ils viennent de créer, que trois apprentis comédiens de la promotion 25 de l'École de la Comédie de Saint-Étienne débuteront leur vie d'intermittent aux Bravos de la Nuit, sympathique festival de théâtre contemporain niché dans le Pilat qui, depuis trente ans, veille à ouvrir sa programmation à de jeunes compagnies.
Narcisse et Goldmund est d'abord né d'un projet personnel de troisième année. Quand ils l'ont joué à l'Usine, on sentait déjà la maîtrise, l'inventivité – notamment scénographique, simple mais évocatrice, qui permet une narration assez cinématographique – et l'intelligence textuelle qui font les bons spectacles. Les trois acteurs-metteurs en scène, deux garçons et une fille, adaptaient là un roman mythique de Hesse, examen d'une une soif de liberté et d'une quête d'identité artistique qu'ils sont sans doute eux-mêmes en train de vivre. Bien que leur pièce mette davantage l'accent sur Goldmund, celui qui jouit le plus du monde l'entourant, l'histoire reste la même : deux amis envisagent l'existence différemment, l'un par l'approfondissement de soi via l'étude et la spiritualité, l'autre, sensuel et vagabond, profite de la vie et voit du pays. Une oeuvre d'inspiration médiévale qui trouvera dans le village de Pélussin un cadre idéal. On entend d'ici le frottement de la robe de bure.
Florence Barnola
Les Bravos de la Nuit
A Pélussin (01), du 23 au 29 août