De Benjamin Naishtat (Arg, 1h20) avec Jonathan Da Rosa, Tatiana Gimenez...
En début d'année sortait le formidable Les Bruits de Recife, récit angoissant d'une paranoïa latente dans un quartier chic brésilien. Aujourd'hui débarque sur les écrans Historia del Miedo, qui en est la version auteuriste et arrogante, preuve s'il en fallait une qu'il faut toujours trier le bon grain de l'ivraie dans ce cinéma grossièrement regroupé sous le sigle "art et essai". Là où Kleber Mendoça choisissait une narration complexe mais en fin de compte romanesque et brillante, Naishtat prend tout de suite l'option du scénario post-it et de la séquence-fragment.
On assiste donc à des tranches de vie ordinaires contaminées par la bizarrerie — un mime inquiétant dans un fast food, un homme nu sur l'autoroute, des incendies inexpliqués qui se déclenchent à proximité des quartiers pavillonnaires — avant que le cinéaste ne focalise son récit sur des bourgeois apeurés, claquemurés dans leur propriété puis plongés dans une obscurité effrayante. L'alliance entre un discours politique défendable mais éculé — l'égoïsme des nantis et leur trouille contagieuse de se voir spolier leurs biens par les plus pauvres — et cette forme décousue, est fatale à une œuvre à périr d'ennui plutôt que de terreur.
Christophe Chabert