De Karim Aïnouz (Brésil-All, 1h46) avec Wagner Moura, Clemens Schick...
Deux motards se noient sur la plage du futur à Rio, et Donato, maître nageur, ne parvient à sauver que Konrad. Le drame digéré, les deux hommes se jettent l'un sur l'autre pour copuler dans une voiture. Ellipse. Berlin, quelques mois plus tard. Donato a suivi Konrad, mais traîne son spleen d'exilé dans les rues de la ville. Ellipse. Ayrton, le frère de Donato, débarque à son tour dans la capitale allemande à la recherche de son frangin, qu'il adulait.
On a à peu près tout raconté du nouveau film de Karim Aïnouz, remarqué avec Madame Sata, et c'est justement le problème de ce trop long métrage : il est particulièrement avare en idées de scénario, sinon en idées de cinéma. Dommage, car quand il en a — une par partie — elles sont plutôt bonnes. Notamment cette capacité à saisir la sensation de déracinement éprouvée par Donato face à la grisaille allemande. En revanche, le cinéaste est incapable de montrer la passion physique autrement que comme une sorte de pulsion animale, sans aucune forme de sensualité.
Surtout, il a une fâcheuse tendance à tout filmer in extenso, plus par paresse que par goût d'un cinéma contemplatif — et contempler quoi, de toute façon, à part des fêtes techno et une reprise en français dans le texte d'Aline de Christophe ? Bizarrement, le film n'est pas entièrement déplaisant à regarder ; il laisse juste un profond sentiment de vide et de superficialité.
Christophe Chabert