Marc Riboud, à bonne distance

Marc Riboud, à bonne distance
Marc Riboud

Le Plateau - Hôtel de Région

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

Le Plateau présente les «premiers déclics» du photographe Marc Riboud. Soit 160 images réalisées entre 1942 et 1960, où l'artiste fait se rencontrer le mouvement libre et la rigueur géométrique, le sujet et son environnement, que ce soit dans les grandes villes européennes ou parmi les contrées les plus reculées.Jean-Emmanuel Denave

L'écrivain François Cheng rapporte que Marc Riboud avait toujours sur lui son livre sur la philosophie et la peinture chinoises, Le Vide et le plein. Un petit opuscule où l'on apprend notamment que, dans le Tao, le vide n'est pas le néant mais un espace dynamique où a lieu l'interaction et la transformation ; le vide médian permettant la rencontre et l'échange entre des éléments, des sujets, des forces... Au-delà d'une première impression d'éblouissement esthétique devant les photos exposées au Plateau, on se rend peu à peu compte que Riboud compose souvent ses images comme des "rencontres" entre un ou plusieurs personnages et le monde qui les entoure. Rencontres de la danse burlesque du célèbre Peintre de la Tour Eiffel avec les lignes d'acier de la construction géométrique, de deux passants avec la silhouette découpée d'un arbre sur un quai de Seine, d'anonymes protégés sous leurs parapluie en Inde avec les frondaisons des arbres alentour... «Le goût de voir, confiait Marc Riboud à Hervé Guibert en 1985, me fait croire au surréalisme au sens propre : cette coïncidence de la forme, d'une perspective et du personnage».

Entre-deux

A l'instar du "vide médian" des Taoïstes, le médium photographique, entre noir et blanc, dynamise, fait résonner, conjoint un sujet humain et la configuration de l'espace où il évolue. Que ce sujet fasse le saut de l'ange sur une plage yougoslave, des exercices d'assouplissement sur une place enneigée à Moscou, affronte une tempête de neige en Alaska... Très vite employé par l'Agence Magnum, Marc Riboud n'a cessé de parcourir le monde et la deuxième partie de l'exposition se décline en grands ensembles géographiques : la Chine, le Japon, le Népal, l'Inde... Les premières années de la carrière de Riboud peuvent de fait se lire aussi comme la "rencontre" d'un jeune Lyonnais très timide et taciturne (né en 1923 à Saint-Genis-Laval) avec le monde : Lyon, Paris (sa ville d'adoption), les villes industrielles de Grande-Bretagne puis les grands voyages...

Marc Riboud a pris sa première image à l'âge de sept ans, à la demande d'un couple d'amoureux sur une route d'Ecully. Il en a gardé depuis une crainte, un conflit intérieur et des désirs contradictoires vivaces : «cette crainte d'aller trop près des gens, et cette autre force qui me pousse à aller plus près pour voir». Un entre-deux qui n'est point synonyme de compromis médiocre, mais de bonne distance créatrice.

Marc Riboud - Premiers déclics
Au Plateau, Hôtel de région Rhône-Alpes, jusqu'au 21 février

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