Parmi les nombreuses attractions qui firent la sordide réputation du cirque Barnum, il en est une qui connut un succès bien au-delà de ses fameux chapiteaux blancs : les sœurs siamoises Millie et Christine McCoy, plus connues des bourgeois de l'époque sous le nom de Rossignol à deux têtes en vertu de leurs talents musicaux. S'ils étaient nés un siècle plus tôt, Nicolas Gautier et Marin Perot, moitiés du duo The Missing Season, auraient pu les courtiser, eux qui depuis 2008 et comme quelques autres avant eux – en tête Simon & Garfunkel et leurs descendants les plus directs, les Kings of Convenience – gringottent avec la connivence qu'on prête d'ordinaire aux êtres unis par les liens secrets du sang.
En tout cas jusqu'à la sortie début 2014 de leur quatrième album, qui fait suite à trois jolis précis de folk-rock transatlantique – les mélopées éclairées à la bougie de Nick Drake de ce côté, les complaintes noircies à la lampe à pétrole de Neil Young de l'autre. Car The After Hours est l'œuvre d'un quintette. Et car si nos deux piafs rennais y harmonisent comme au premier jour, ils le font désormais perchés sur des lignes à haute tension, celles qui alimentent les guitares de The House of Love (Just Don't Know, tout en préciosité et psychédélisme), Low (l'hymne à retardement Ocean Song) et Built to Spill (The Big Life, modèle de ballade indie). The Missing Season ? Plutôt un chaînon manquant.
Benjamin Mialot
The Missing Season [+ Riegler Girl & the RG's]
Au Sonic jeudi 15 janvier