Raconter l'homme. Tel est l'objet, vous le savez, du Musée des confluences. Tel est aussi celui, peut-être vous l'apprend-on, des Récits d'objets qu'il édite en partenariat avec Invenit, de courtes fictions nourries par les trésors que renferment ses réserves – de même que cette maison basée à Tourcoing invite depuis 2010 des écrivains à mettre des mots sur des chefs-d'oeuvre de la peinture.
A ce jour, ils sont quatre à s'être prêté au jeu avec plus ou moins de succès : Valérie Rouzeau, qui a tiré d'un fragment de météorite des poèmes astronomiques confondant de mièvrerie ; Jean-Bernard Pouy, narrateur d'une amusante enquête picturale impliquant un téléphone S63 ; Emmanuelle Pagano, dont le récit familial au cœur de l'Italie fasciste est aussi délicatement brodé que le châle de soie de mer à son origine ; et enfin Philippe Forest.
Son Enfant fossile est sans surprise l'ouvrage le plus accompli de cette singulière collection, l'auteur du Chat de Schrödinger y faisant une fois encore de cette blessure inguérissable que fut le décès de sa fille – dont le souvenir s'incarne ici, en écho à son tout premier roman, L'Enfant éternel, dans le bout de mâchoire d'un enfant d'homo sapiens – l'échafaudage de vertigineuses interrogations sur la disparition, l'absence, la mémoire... Autant de marottes métaphysiques qu'on redécouvre avec autant de plaisir que de chagrin par la petite porte, et qu'on ressassera en franchissant celle de la galerie Michel Descours où il discutera de ce beau petit livre en compagnie de son éditrice.
Benjamin Mialot
Philippe Forest
A la galerie Michel Descours vendredi 27 février