Lucas Bouissou et Simon Debarbieux en avaient assez d'entendre à la radio les mêmes sons et les mêmes tempos. Alors ils ont créé la leur de radio (dans un coin du cyberespace, mais en prenant soin de l'amarrer au vinyl shop Groovedge), l'ont baptisée LYL et l'ont dédiée à la promotion de musiciens pour lesquels le son est une matière indéfiniment transformable et le rythme une contingence parmi d'autres.
Écossais très tôt émigré en Californie, Chris Douglas est de ceux-ci, lui qui œuvre depuis plus de trente ans à repousser les frontières formelles de la musique électronique. Petite main de la révolution techno et précurseur de l'IDM au même titre que ses compatriotes britanniques restés au pays (Aphex Twin, Autechre), Douglas est ainsi l'auteur d'une vingtaine d'albums aux confins de l'ambient, de la noise et de l'électroacoustique dont l'écoute provoque la même admiration mâtinée d'incompréhension que la vue de la pointe de Grenen, cette bande de terre danoise où se confondent en d'indescriptibles fracas la mer du Nord et la Baltique.
Plus connu sous le nom d'O.S.T., c'est dernièrement sous celui de Dalglish qu'il a poursuivi ses travaux, notamment sur Niaiw Ot Vile, son disque le moins confidentiel – car paru chez PAN, la Mecque berlinoise de l'expérimentation. Entre cliquetis industriels et réverbérations du fond des âges, Chris Douglas semble y faire graviter toute la mémoire du monde autour de celle d'un ami disparu. Et le dispositif quadriphonique propre à la résidence de LYL au Croiseur ne sera pas de trop pour rendre la densité de la chose.
Benjamin Mialot
Dalglish [+Opéra Mort]
Au Croiseur samedi 14 mars