L'Institut Lumière consacre une semaine à Arletty en quatre films et un téléfilm, biopic où l'actrice est incarnée par Lætitia Casta.
Arletty représente, avec Gabin, la personnification du "réalisme poétique" tels que Carné et Prévert l'ont inventé dans les années 30. C'est d'ailleurs ce couple à l'écran qui en marque à la fois l'apogée — Hôtel du nord et sa célèbre réplique «Atmosphère... Atmosphère... Est-ce que j'ai une gueule d'atmosphère ?» — et son déclin — L'Air de Paris, qui pour le coup sent surtout le renfermé du cinéma de studio. Ce sont ces deux films qui encadrent la "semaine avec Arletty" que propose l'Institut Lumière du 11 au 15 mars, avec en son cœur l'incontournable Le Jour se lève et le nettement plus rare — car passé au feu de la réputation infamante de son réalisateur Claude Autant-Lara — Fric-Frac, où Arletty partage l'affiche avec Fernandel et Michel Simon.
Le sceau de l'infamie, c'est aussi ce qu'Arletty a connu au sortir de la guerre : pendant le tournage des Enfants du paradis, la comédienne, qui par ailleurs assumait clairement sa bisexualité, entretient une liaison avec un officier allemand. À la libération, le scandale éclate et elle est arrêtée. Cet épisode, c'est celui qu'Arnaud Sélignac — mercenaire de la fiction télé — a choisi de raconter dans Arletty, une passion coupable, diffusé sur France 2 et projeté sur grand écran à l'Institut le 11 mars en présence du réalisateur et de l'actrice qui incarne l'actrice : Lætitia Casta.
Même si elle n'a pas encore hérité sur grand écran des rôles majeurs qu'elle mérite pourtant, Casta, par sa spontanéité et son rapport décomplexé à son propre corps, est aujourd'hui une des comédiennes les plus intéressantes du cinéma français. Et la superposition entre son image et celle d'Arletty tombe sous le sens, à condition qu'elle ne tombe pas aussi dans les travers des biopics à base de mimétisme à la Patrick Sébastien...
Christophe Chabert
Une semaine avec Arletty
À l'Institut Lumière, du 11 au 15 mars