Une Biennale du design de toute beauté

Une Biennale du design de toute beauté
Mine coulour, our past and future

Puits Couriot Parc-Musée de la Mine

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

Seule ville française à faire partie du réseau des villes créatives UNESCO de design, Saint-Étienne vit jusqu'au 12 avril au rythme toujours plus trépidant de la Biennale Internationale du Design. Tour d'horizon d'un événement incontournable, même pour les Lyonnais. Niko Rodamel

Thématique de la Biennale 2015, Les Sens du Beau, interroge l'importance des formes et les sens que celles-ci donnent aux fonctions, aux usages ou à la qualité de vie. L'enjeu de cette Biennale est de montrer que d'autres voies sont possibles que celles, monotones et répétitives, produites par la globalisation.

Pour Yann Fabès, directeur de l'Ecole Supérieure d'Art et Design de Saint-Étienne, Les Sens du beau suivi d'un point d'interrogation est

«une proposition que l'on pourrait retrouver dans l'épreuve écrite d'un concours d'entrée en école d'art. Mais au-delà des jeux homophoniques qui permettent des déclinaisons à volonté (l'essence du beau, le beau et ses sens, censé être beau...), cette question agit dès que le design pose son analyse par les formes sur ce qui nous environne.»

Benjamin Loyauté, co-commissaire général de la Biennale, rappelle lui que le beau n'est pas unique :

«Le beau naturel serait universel en opposition au beau culturel qui lui est construit. Tout le monde a un avis sur le beau même si la perception que l'on en a n'est pas la même à Singapour ou à Saint-Étienne : le beau culturel se génère en fonction d'un contexte, d'un temps donné et d'une culture.

Mais peut-on alors contrôler la réception du beau ? Personnellement je n'ai pas envie de vivre dans un monde uniformisé où la perception du beau serait formatée. Il est pourtant étonnant d'observer qu'aujourd'hui on voudrait rendre universel le beau culturel ! Nous portons déjà tous les mêmes jeans et sortons de nos poches les mêmes portables !

C'est là un fait de société qui me fait réfléchir et réagir : doit-on, sous couvert d'égalitarisme, générer des formes monosémiques pour tout le monde ? La réception du beau ne peut être générique, respectons plutôt la culture et la sensibilité de chacun.»

Focus sur 2 expos de la Biennale IN

  • Hypervital (commissariat : Benjamin Loyauté) - Cité du design - Platine

Co-commissaire général de la Biennale 2015 aux côtés d'Elsa Francès, Benjamin Loyauté présente également l'exposition Hypervital. Rencontré à la Cité du design le mois dernier, il nous confiait :

«C'est une sorte de reconnaissance de la nature au même titre que l'homme. Il s'agit de remettre en cause ce symptôme qui fait que l'homme aurait tout pouvoir sur la nature. Le message que je veux délivrer vise à rétablir la légalité naturelle des choses. L'exposition se veut avant tout une zone de débat pour éveiller la curiosité des visiteurs et générer chez eux de l'affect, leur faire vivre une expérience pour générer une réflexion. J'essaie toujours de mettre en avant à la fois le côté pragmatique et le côté émotionnel des choses. C'est une sorte de puzzle ou de fable qui raconte une histoire en s'appuyant sur un fait réel.»

Á voir, entre autres, les œuvres de Massoud Hassani, Dan Watson, Susana Soares ou de Dominic Schlögel.

  • Artifact (commissariat : Noémie Bonnet-Saint-Georges) - Bourse du travail et Cité du design

Scénographe pour plusieurs expositions de la Biennale en binôme avec Eric Bourbon, Noémie Bonnet-Saint-Georges rassemble avec Artifact une sélection de projets très variés, formels ou conceptuels, de l'objet industriel à l'idée poétique.

Sélectionnées parmi près de cinq cent candidatures internationales, les œuvres ne répondent pas à un thème particulier mais permettent de sentir l'air du temps à travers les préoccupations des créateurs d'aujourd'hui ainsi que les formes et les propositions qui s'en dégagent.

Parmi les projets à découvrir dans cette exposition, citons les Paysages Endoscopiques de Cédric Bohnert, lesSerres Urbaines de Luc Beaussart, Audrey Charré et Clémentine Schmidt, le Beauty distortion mirror de Joanna Wlaszyn, le pinceau cosmétique motorisé de Johanna Pichlbauer et Maya Pindeus, l'étagère Macabane de Thierry d'Istria ou encore les tables d'appoints Watertower at Home de Xiral Segard.

Focus sur 2 expos de la Biennale OFF

  • Construire un I-meubles - Arrière-cour, 57 rue Charles de Gaulle

Véritable défi écologique et serpent de mer politique, la sauvegarde de notre petite planète bleue interroge nos comportements consuméristes à travers, entre autres leviers, la question des déchets et de leur recyclage. Un certain nombre d'objets sont pourtant jetés, on le sait bien, sans être forcément en fin de vie.

Le laboratoire de design artisanal Arrière-cour a choisi de s'intéresser plus particulièrement aux meubles dont on se débarrasse :

«Que devient notre mobilier, une fois que nous estimons qu'il est passé de mode ? Les percevant comme obsolètes, nous nous défaisons de ces objets pour nous en procurer de nouveaux et suivre une mouvance. Mais qu'advient-il alors de rebut de la consommation ?»

L'installation proposée pour la Biennale est une accumulation, sorte de totem éphémère fait d'objets considérés comme esthétiquement dépassés accédant ainsi à une nouvelle valeur esthétique. Arrière-cour cherche à éveiller les consciences, interrogeant l'obsolescence de notre mobilier et la durabilité du beau.

  • Un moment d'attention - Boutique Prego, 2 bis passage Sainte-Catherine

Depuis la création de la Cité du design et la montée en puissance des successives Biennales, le design a envahi la ville de façon galopante et c'est, quoi qu'on en dise, finalement très bien ainsi. Le OFF de la Biennale permet bien souvent à de jeunes designers de monter leur travail dans des lieux les plus divers comme par exemples les commerces.

S'appropriant à leur façon la thématique des «sens du beau», Maud Piccolini, Léa Pruykemaquere et Marie Strina installent leurs créations dans une boutique du centre-ville. Elles exposent des éléments décomposant notre reflet, déformant notre image, cherchant à attirer notre regard et à fixer notre attention.

Les pièces ici présentées invitent le visiteur à une prise de conscience de son corps, de son image ou même de sa gestuelle. Avec Un moment d'attention, les trois créatrices souhaitent donner à travers leurs objets une nouvelle dimension à la coquetterie et à la minutie.

IXe Biennale Internationale Design Saint-Étienne
Jusqu'au 12 avril

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