Emmanuel Mouret : «Le souci des autres et le souci de soi»

Emmanuel Mouret : «Le souci des autres et le souci de soi»
Caprice
D'Emmanuel Mouret (Fr, 1h40) avec Virginie Efira, Anaïs Demoustier...

Depuis Laissons Lucie Faire, son premier film, nous avons noué un dialogue fructueux et passionnant avec Emmanuel Mouret, et c'est un plaisir de le prolonger pour la sortie de Caprice.Propos recueillis par Christophe Chabert

Jusqu'à quel point vos films se répondent, positivement ou négativement, entre eux ? Y a-t-il par exemple une suite logique entre Caprice et Une autre vie, ou au contraire une volonté de rupture ?
Emmanuel Mouret : Difficile de répondre... Le scénario de Caprice était déjà écrit avant que je tourne Une autre vie, lui-même écrit il y a une dizaine d'années. Ça ne veut pas dire que je ne les retravaille pas ; sur Caprice, j'ai quasiment mis deux ans à trouver la fin, elle a été écrite après le tournage d'Une autre vie. Je pense qu'ils se répondent nécessairement, puisque tout ce qu'on vit nous traverse et nous change. Même s'il y a des choses que l'on retrouve dans mes films, j'ai le désir d'en explorer de nouvelles. Donc je réagis au film précédent quoi qu'il en soit.

Que vous ayez trouvé la fin de Caprice après Une autre vie fait sens, car c'est justement là que le lien entre les deux films est le plus évident...
Peut-être. Au début, Caprice se terminait comme une sorte de quadrille, mais je trouvais l'idée forcée, je ne la sentais pas. Ces dix dernières minutes, je les ai reprises pour trouver quelque chose qui exprime mon ressenti de manière plus pertinente. Une autre vie y est certainement pour quelque chose.

On vous sent de plus en plus attiré par l'idée du mélodrame...
Oui, j'aime le mélodrame, mais je ne sais pas si cette fin-là tire vers le mélodrame. Le retour des spectateurs d'ailleurs est changeant... Je voulais un fin qui se termine, pas une fin en l'air ou une queue de poisson, mais que néanmoins on soit traversé par une impression complexe qui peut, chez certaines personnes, laisser passer un courant de mélancolie.

Ce qui m'a paru le grand challenge de Caprice, c'est de faire une comédie où ce qui arrive au personnage principal, ce ne sont pas des malheurs, mais trop de bonheur...
C'est peut-être mon désir d'impertinence. Quand on fait un film, c'est toujours un personnage confronté à des difficultés, et là, c'est un personnage trop gâté. On fantasme toujours d'être très gâté, et le film explore les conséquences de ce fantasme. Une phrase de Minnelli m'a beaucoup marqué : «Le plus grand danger pour l'homme, c'est d'être le rêve de quelqu'un». C'est pour ça qu'un des personnages dit dans le film : «C'est terrible d'être le rêve d'une femme, on est sûr de la décevoir.»

En même temps, le film garde cette structure classique du poisson hors de son bocal...
Il se retrouve avec la femme de ses rêves, une actrice, dans un milieu qu'il ne croyait jamais côtoyer, sans comprendre comment c'est arrivé : elle a été charmée par sa maladresse et par une prédiction. Il est dans une fragilité permanente, avec l'impression que tout ça peut se briser, finir d'un instant à l'autre. J'avais envie de construire sur ce sentiment : on a quelque chose mais on sent que ça peut nous échapper, ce qui concourt au suspense du film.

à lire aussi

vous serez sans doute intéressé par...

Mardi 21 avril 2015 Après le virage dramatique raté d’"Une autre vie", Emmanuel Mouret revient à ce qu’il sait faire de mieux, le marivaudage comique autour de son éternel personnage d’amoureux indécis, pour une plaisante fantaisie avec une pointe...
Mercredi 15 janvier 2014 D’Emmanuel Mouret (Fr, h35) avec JoeyStarr, Jasmine Trinca, Virginie Ledoyen…
Mercredi 16 novembre 2011 De et avec Emmanuel Mouret (Fr, 1h25) avec François Cluzet, Frédérique Bel, Judith Godrèche…
Mardi 24 mars 2015 Entre vaudeville et étude des indécisions sentimentales, Jérôme Bonnell livre sa vision du triangle amoureux dans un film qui ne manque ni de charme, ni de sincérité, mais plutôt de rigueur dans sa mise en scène et son scénario. Christophe Chabert
Mercredi 17 juin 2009 De et avec Emmanuel Mouret (Fr, 1h40) avec Judith Godrèche, Déborah François…
Mercredi 17 juin 2009 À peine sorti de la FEMIS, Emmanuel Mouret se plaisait déjà à casser les clichés associés aux cinéastes venus de l’école. Dans un premier long-métrage qui devait (...)

Suivez la guide !

Clubbing, expos, cinéma, humour, théâtre, danse, littérature, fripes, famille… abonne toi pour recevoir une fois par semaine les conseils sorties de la rédac’ !

En poursuivant votre navigation, vous acceptez le dépôt de cookies destinés au fonctionnement du site internet. Plus d'informations sur notre politique de confidentialité. X