De tous les punks qui ont un jour fait vœu de chasteté électrique (Chuck Ragan de Hot Water Music, Ben Nichols de Lucero ou encore Austin Lucas, passé par le Kraspek début février) et avec lesquels il pousse régulièrement la chansonnette, Rocky Votolato est peut-être le plus atypique.
Déjà parce qu'il fut parmi les premiers à croquer l'american way of life par la racine – sa carrière solo a débuté en 1999, juste au moment où son groupe, Waxwing, commençait à se faire un nom sur la Côte ouest. Ensuite et surtout parce que, en dépit de son nom de recouvreur de dettes rêvant de gloire sur les rings, là où ses pairs disent la quiétude terrienne et la houle sentimentale d'une voix travaillée à la liqueur de maïs, lui le fait presque en sourdine, comme si la moindre respiration un peu appuyée constituait une menace d'érosion.
Son album le plus fameux, Makers (le troisième, sur un total de huit), est à ce titre un petit bijou d'americana poids plume, avec picking du bout des doigts et tout le tremblement – notes de lap steel qui ondulent comme des mirages, bouffées d'harmonica qui expulsent des particules de rouille et même un cygne sur la pochette. Dans la grande tradition du genre, ses disques le sont aussi, y compris les plus fougueux, tel le récent Hospital Handshakes, dans celle de Seattle, où ce natif du Texas s'est installé à l'adolescence et où la confidence sur fond de guitare acoustique, de Damien Jurado à Father John Ministry, est quasiment un sport étatique. Si tel était vraiment le cas, le titre de MVP lui reviendrait de droit – ex aequo avec la trop méconnue Jesse Sykes.
Benjamin Mialot
Rocky Votolato [+ Mike Neograf]
Au Kraspek Myzik samedi 13 juin