Nous qui, régulièrement dans ses colonnes, nous intéressons principalement aux arts plastiques et visuels, que faisons-nous avec un ouvrage de psychanalyse entre les mains ? On y poursuit avec grand intérêt, après Les Yeux de l'âme (2010), les pérégrinations théoriques du psychanalyste lyonnais Jean-Claude Rolland à propos de l'image. L'image fait en effet partie, dans l'ouvrage sorti récemment Quatre essais sur la vie de l'âme, de ces matériaux essentiels de la psyché humaine, aux côtés de l'affect, de la parole, de l'objet...
Au-delà d'une psychiatrie toute fondée sur le biologique ou une certaine psychanalyse lacanienne toute fondée sur le langage, la pensée de Rolland (sur les pas de celles d'André Green, Pierre Fédida et beaucoup d'autres) ouvre des concepts «entre-deux», des concepts de relations et d'échanges qui permettent de dépasser les dichotomies manichéennes «psy». «Selon l'expérience analytique, l'image n'existe qu'en «dialogue» avec la parole ou l'écriture» écrit Rolland.
L'auteur nous entraîne, dans un style clair et abordable par tous, dans une exploration de l'interdépendance entre l'image et la parole, à travers la psychanalyse comme à travers, aussi, la peinture pariétale des Grottes de Lascaux. Une dimension de son livre que l'auteur présentera plus largement en dialogue avec son collègue Michel Gribinski à la Librairie Passages.
Jean-Emmanuel Denave
Jean-Claude Rolland
Á la Librairie Passages vendredi 12 juin
Quatre essais sur la vie de l'âme (Gallimard)