Ne jamais se fier à une captation vidéo. Nous l'avons appris à nos dépens la semaine passée avec Les Chiens de Navarre, dont Les Armoires normandes, une fois ramenées à l'amplitude d'un espace scénique, sont en vérité aussi peu théâtrales et provocatrices qu'un talk show de Canal +. Nous avons failli le réviser au détriment de Nicolas Meyrieux, réduit par le teaser de son dernier spectacle à une espèce de mime hystérique.
Alors qu'il est en fait un stand upper plein d'avenir et le spectacle en question un jouissif jeu de massacre participatif dans lequel ce Grenoblois exilé à Paris (et remarqué à quelques reprises dans On n'demande qu'à en rire) fait l'inventaire, d'une belle mauvaise foi éditoriale, des petites aberrations et grandes absurdités de l'époque. Dans quel monde vit-on ? se demande-t-il. Dans un monde où l'infidélité est une marchandise, l'écologie une doctrine et le suicide une victime de plus du vide créatif ambiant, entre autres thèmes qu'il déboulonne avec une vitalité juvénile et grimaçante qui lui donne les airs d'un Alex Ramirès guéri de ses angoisses existentielles.
Entre deux séquences, classique revisité (on avoue un faible pour le dealer d'eau potable) ou anecdote thérapeutique (telle une agression dans le métro), Nicolas Meyrieux se désaltère avec une bouteille d'eau de cinq litres, «parce que les grands humoristes qui jouent dans des grandes salles en utilisent des petites». S'il continue sur cette lancée, il pourrait bien un jour se contenter d'un verre.
Benjamin Mialot
Nicolas Meyrieux
Au Boui Boui jusqu'au 27 juin