Au commencement étaient deux bonnes idées : prolonger la présence du théâtre sur le site de Fourvière au-delà des Nuits estivales et donner vie à l'écriture de Hanock Levin, dramaturge israélien contemporain d'une acidité et d'une drôlerie incontestables.
Toutefois, en choisissant de ne pas s'attacher à un texte en particulier mais à l'ensemble de son œuvre, pour mieux en extraire ce qui a trait aux résistances, le jeune metteur en scène Benjamin Forel dilue trop son spectacle. Avec ses six comédiens, il a bâti quatre tableaux où se déroulent simultanément des saynètes en solo, duo, trio, le plus souvent sans paroles et sans vêtements. Durant ces phases plus ou moins dansées, les protagonistes s'aspergent en permanence d'eau, à la façon du Lucrèce Borgia de Bobée, enchaînant les glissades tels les olympiens danseurs sur glace Gritschuk-Platov – mais sans leur grâce. Ce n'est bien sûr pas l'effet recherché, mais tout cela manque de sens.
Quant à la seule séquence vraiment jouée, faite d'histoires enchevêtrées et de répétitions, elle interroge lointainement la question du genre et n'éclaire pas plus sur les intentions de ce travail. Un seul acte marque : celui où, dans la pénombre, sur une musique inquiétante et une salade en bouche, les acteurs mènent un lent ballet animal qui les voit se disloquer. Intéressante et esthétique métaphore de la disparition.
Reste qu'au terme de ces 90 minutes, il apparaît que La Troupe du Levant s'est noyée à force de ne pas faire confiance à l'outil théâtral en tant que tel.
Ceux qui marchent à l'ombre des canons
À Fourvière (Odéon) jusqu'au dimanche 27 septembre.