Bien que Balzac soit son auteur tutélaire, c'est plutôt Blaise Pascal que Jacques Rivette évoquerait, par sa propension à faire long comme «s'il n'avait pas le temps de faire court». Pour preuve, même la version "courte", alternative et remontée de La Belle Noiseuse (1991) tutoyait les 2 heures...
Quand il entreprend Out 1 : Noli me tangere (1971), il vient de s'échauffer avec son premier film fleuve, L'Amour fou (1969), une mise en bouche de 252 minutes parlant et montrant du théâtre avec une troupe d'acteurs confondant presque vie et plateau. Out 1 ira plus loin. Considérablement. Issu d'un magma créatif qui aurait joui sans entrave sous les pavés et sur les planches, ce film au scénario quasi improvisé se déploie dans tous les sens. Et aligne une distribution comptant la quintessence de la Nouvelle Vague : Jean-Pierre Léaud, Juliet Berto, Bernadette Lafont, Françoise Fabian, Bulle Ogier, Jean-François Stévenin (entre autres), comme ses confrères Rohmer et Barbet Schroeder.
Coréalisé par Suzanne Schiffman, l'assistante préférée de Truffaut, ce "monstre" de 12h30 bénéficie d'une version raccourcie (4h20 quand même...), Out 1 : Spectre (1972), tout aussi rare sur grand écran depuis sa sortie. Restauré, c'est dans son intégralité, mais en 8 épisodes qu'il sera présenté à l'institut Lumière. Une chance unique d'appréhender sur grand écran cette curiosité ; de partager le Paris révolutionnaire post-68 et d'assister à du théâtre filmé par Rivette (Eschyle, ici)... à condition de consentir à un marathon de trois jours.
Out 1 : Noli me tangere
De Jacques Rivette (FR, 1971, 12h30) avec Jean-Pierre Léaud, Juliet Berto, Bernadette Lafont...
À l'Institut Lumière du jeudi 19 au samedi 21 novembre