Matt Mondanile n'est pas le plus puissant de tout Canardville (ne serait-ce que parce qu'il est originaire de Ridgewood, dans le New Jersey), il est "juste" le guitariste de Real Estate, indie rock darling suivant depuis trois albums les plus bucoliques des pistes mélodiques tracées par Yo La Tengo une décennie avant lui – vous qui passerez devant notre tombe, prenez cinq minutes pour faire jouer Green Arrow sur votre téléphone, s'il vous plaît.
Il est aussi, surtout même, la tête composante et chantante de Ducktails (d'où la déplorable allusion à l'Oncle Picsou qui précède), projet personnel nettement plus arrangé et légèrement plus psychédélique qu'il mène en parallèle. Songwriter prolifique (depuis 2009, il a enregistré sous ce nom pas moins de cinq disques de moins en moins lo-fi et improvisés), Mondanile y sonne comme un Elliott Smith trouvant la misère affective moins pénible au soleil – peut-être parce qu'il vit depuis quelques temps à Los Angeles.
Délayées (les guitares ondulent comme le reflet de l'horizon dans une eau clapotante), brumeuses (en particulier sur le plan vocal) et teintées d'une entraînante mélancolie (courtoisie, souvent, de claviers singulièrement cheap), ses chansons, parfois instrumentales, sont ainsi de celles qu'on écoute quand les matins sont tendres et gras, maudissant un rideau mal tiré entre deux «je t'aime» à sens unique. Une certaine idée du bonheur (partagée par Mac Demarco et Kurt Vile), ce mal nécessaire et fugace dont on fait les plus belles é-pop-ées.
Ducktails [+ François Virot]
Au Sonic mardi 1er décembre