Pour qui suit un peu la foisonnante vie du court métrage, l'arrivée de Rudi Rosenberg dans le long n'a rien d'une surprise. Et le thème qu'il a choisi pour effectuer ses débuts l'est encore moins : cette douloureuse période de l'adolescence, à laquelle il a déjà consacré deux films brefs, 13 ans (2007) et surtout Aglaée (2009).
Le Nouveau ressemble à une variation sur ce dernier, puisqu'on y retrouve l'héroïne-titre. Il ne s'agit pourtant pas d'une version dilatée du scénario du court, mais bien d'une histoire différente portée par un autre personnage ; une sorte de spin-off dans lequel Aglaée intervient au second plan. Le ton a également changé : Le Nouveau est "adouci", moins cru dans sa manière d'aborder la sexualité, sans doute parce qu'il a fallu passer sous les fourches caudines des coproducteurs-télé, dont la frilosité n'a d'égale que la recherche d'un ton lisse et consensuel.
N'empêche : il demeure d'une superbe acuité dans l'observation d'une micro-société collégienne urbaine qui, sans être exclusivement des beaux quartiers, se trouve plutôt à l'écart des térébrants problèmes sociaux pouvant pourrir le quotidien et obérer les lendemains. Rosenberg dépeint l'isolement des enfants, les groupes, les clans, les premières amours contrariées, la fascination pour les petits caïds (les "plus cools") et le désespoir muet des autres, les ringards.
Sa description tout en justesse, y compris dans la souffrance, est dépourvue de pathos. Seul visage (ou nom) connu pour le spectateur, Max Boublil fait ici figure d'exception. Toutefois, sa présence à l'écran reste très modérée dans ce film qu'il a le bon goût de ne pas cannibaliser.
Le Nouveau
De Rudi Rosenberg (Fr, 1h21) avec Max Boublil, Rephael Ghrenassia, Joshua Raccah...