Musée des Tissus : en sursis jusqu'à la fin de l'année

Musée des Tissus : en sursis jusqu'à la fin de l'année

C'est la série de cet hiver à Lyon, et il n'y a pas besoin d'être abonné à un site de streaming pour en suivre les rebondissements. Attention, spoiler : le musée des Tissus et des Arts Décoratifs est donc sauvé. Très provisoirement, du moins. Retour sur la première saison venant de s'achever, en attendant la saison 2, en fin d'année.

Tout débute en 1856, quand les soyeux lyonnais décident de créer ce musée, ouvert au public en 1864. Le temps passant, une collection exemplaire et surtout unique au monde s'est constituée : rien moins que 2, 5 millions de pièces de textiles, issues de toute la planète et de toutes les époques, remontant jusqu'à l'Égypte des Pharaons. Un patrimoine inestimable, qui outre le fait d'attirer plusieurs milliers de visiteurs chaque année, d'être particulièrement reconnu à l'étranger (pour preuve, la pétition lancée pour le sauver a recueilli des signatures dans 122 pays), ce musée est une source d'informations essentielle pour les historiens, les créateurs qui viennent y chercher l'inspiration, les étudiants... Bref, un patrimoine unique et irremplaçable représentant 4500 ans d'Histoire.

Problème : le musée appartient à la CCI, la Chambre de Commerce et d'Industrie, qui, exsangue, veut le fermer. C'est le seul en France à appartenir à une chambre consulaire. Cette dernière, suite à décision du gouvernement, va perdre 38% de ses ressources fiscales. Alors Emmanuel Imberton, le président de la CCI, ne veut ou ne peut plus tenir à bout de bras ce musée. Pendant plus d'un an, il a tenté de chercher de l'aide, en vain.

De la mairie de Lyon à la rue de Valois où se trouve le ministère de la Culture, tout le monde s'est renvoyé la patate chaude pendant de longs mois, laissant présager d'une issue fatale : la fermeture pure et simple du musée, brandie un temps comme une menace prévue pour ce mois de mars.

D'intenses négociations

Il aura donc fallu patienter jusqu'aux derniers instants, le vote du budget par les élus de la CCI s'étant tenu lundi. La semaine écoulée a vu survenir nombre de rebondissements : c'est d'abord l'État, à l'initiative de la toute nouvelle ministre Audrey Azoulay (Fleur Pellerin était restée silencieuse sur le sujet), qui s'est engagé par la voix du Préfet à verser 250 000€ afin de boucler le budget de cette année, le mardi 8 mars, à l'issue d'une réunion en compagnie de la Ville et de la Métropole, des professionnels du textile, de la Région et de la CCI.

Proposition aussitôt repoussée par cette dernière : « La réunion n'a pas permis de faire émerger une solution financière satisfaisante » est-il répondu par communiqué. La passe d'armes s'est poursuivi et la Région s'en est mêlée, Laurent Wauquiez proposant une somme identique : 250 000€. Après avoir tergiversé, et longtemps incité à une solution privée, Gérard Collomb a fini par céder : la Ville et la Métropole vont également contribuer à hauteur de 250 000€. Le 10 mars, Emmanuel Imberton, redoutable négociateur dans cette affaire mal engagée (la fermeture et les licenciements de vingt employés lui auraient coûté 1, 3 millions d'euros, soit zéro économie sur son budget 2016), a annoncé que le musée des Tissus continuerait son activité jusqu'à la fin de l'année. Rien n'est fait pour la suite.

Seule consolation : la collection est classée, donc invendable. Ce petit rappel nous avait été glissé à l'oreille par Georges Képénékian, premier adjoint, lors des vœux du maire, alors que Laurent Wauquiez redoutait dans les médias que la Chine ou un autre pays s'en empare.

Reste qu'il va bien falloir trouver un nouveau projet viable, car sans solution d'avenir, on en reviendra au même point : les contributions apportées cette semaine ne sont qu'un pansement sur une fracture et il faudra bien plus pour assurer la pérennité du musée des Tissus et des Arts Décoratifs. Mais tout le monde en semble conscient : du côté de la Préfecture, on déclare que « l'avenir du musée des Tissus nécessite désormais d'accélérer et approfondir le travail de préfiguration qui doit permettre de fonder une nouvelle ambition portée par une gouvernance partenariale rénovée. »

Gérard Collomb en appelle encore au privé : « Aujourd'hui, aucun mécène ne s'est engagé afin de passer le cap de l'année 2016. Si cette situation perdure, l'établissement n'aura d'autre choix que de fermer à la fin de l'année. » Ce musée des Tissus devenu si cher aux Lyonnais (les manifestations de soutien se multiplient) mérite assurément de survivre : gageons que ce délai bienvenu accordé par la CCI sera mis à profit pour lui donner une nouvelle vie, pérenne cette fois. SB

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