Un film de Paolo Virzì (It, 1h56) avec Valeria Bruni-Tedeschi, Micaela Ramazzotti, Bob Messini...
Atypique cavale que celle de Beatrice et Donatella : bien que pensionnaires de la Villa Biondi — une institution dévolue aux femmes atteintes de troubles psychiques —, ces deux fugueuses n'ont rien en commun. Aristo mythomane et extravertie, qui plus est joueuse compulsive, la première a été placée là par son entourage pour que sa gênante présence disparaisse des portraits de famille ; quant à la seconde, pauvre fille paumée accusée d'infanticide, elle rêve de revoir son fils. Ensemble, elle forment équipage, jouant les Thelma et Louise à travers l'Italie.
Plus qu'explicite, la référence au film de Ridley Scott fait même l'objet d'une citation visuelle appuyée lorsque les deux complices se retrouvent par hasard à bord d'une décapotable. L'un des fugaces moments de liberté et de bonheur de ce film portant un regard sensible sur ce que l'on nomme par commodité la “folie” — un terme générique confortable recouvrant bien des situations, représentée ordinairement par des poncifs affligeants.
Paolo Virzì montre que Beatrice et Donatella sont avant tout des victimes exprimant dans leur “folie” une révolte sociale : pour l'une le refus d'être réduite à un objet décoratif inscrit dans une tradition séculaire étriquée ; pour l'autre d'être possédée physiquement et dépossédée de son enfant. Leur rébellion les écartant doublement de la norme, les a conduites à l'internement. Montrant l'implication des structures médicales faisant l'impossible pour que le “couple” ne soit pas incarcéré comme une paire de criminelles de droit commun, Folles de joie défend un point de vue humaniste — c'est-à-dire le simple bon sens.
En réunissant des comédiennes qu'il avait déjà dirigées séparément, le cinéaste a composé un duo impeccable. Et si Micaela Ramazzotti est loin de démériter, Valeria Bruni-Tedeschi survole le film en bipolaire perdue dévorante d'affection. Une quasi révélation.