Né de la fusion en 2011 des Nuits de la Bâtie et de L'Été musical, l'Estival de la Bâtie continue d'arrimer au cœur du Forez quelques joyeuses compagnies dans le cadre du château du XVIe, son excentrique grotte de rocailles et dans ses jardins à l'italienne attenants.
Cette année, le comédien Karim Demnatt viendra en voisin puisqu'il a fait ses armes à l'école de la Comédie de Saint-Étienne presque par effraction, nous confiait-il il y a quelques années tant il n'est pas issu, contrairement à nombre de ses camarades, d'un milieu intellectuel. Son guide est le plaisir du jeu. Sous la direction de Stanislas Nordey et plus encore de Laurent Pelly (Sindbad le marin, Le Roi nu...), il s'amuse. Et souhaite parallèlement se mettre à nu dans Brûler, très sensible texte qu'il a écrit et déjà montré aux Clochards Célestes en 2012 et qu'il jouera ici. Où il est question d'une vie entre France et Maroc (le pays de ses parents), de cette jeunesse post-immigration qui ne sait pas toujours où est sa place.
Dans un genre très différent — c'est le propre des festivals — il sera possible de (re)découvrir le savoir-faire du Cirque Bouffon, émanation d'anciens membres du Cirque du Soleil. Avec Solvo, dans un amas de journaux papiers (il en existe encore, même s'ils semblent être en phase finale), la troupe fait corps en enchaînant un très beau numéro sur corde lisse à des portés queer. Continuellement mis en musique ou presque sur des airs balkano-andalous, ce spectacle s'appuie sur une dynamique collective évidente et un sens de la fête communicatif au cours duquel tous les agrès sont présentés avec dextérité.
Bien sûr, il manque cette noirceur que l'on a tant apprécié dans le Matamore du Cirque Trottola notamment, celui de l'inclassable Bonaventure Gacon. La touche plus sombre émane peut-être de la Castafiore qui vient à plusieurs reprises entonner ses airs hauts perchés. Elle semble s'être enfuie d'un Starmania première version et casse un peu l'unité d'un spectacle de grands professionnels.
L'Estival de la Bâtie
À Saint-Etienne-le-Molard du 30 juin au 23 juillet
Brûler, l'odyssée d'un homme au bord du monde les vendredi 1er et samedi 2 juillet
Solvo les jeudi 21, vendredi 22 et samedi 23 juillet