Parfum de Jazz / L'infatigable créateur de Soul Makossa, ancien chef d'orchestre de Nino Ferrer, compagnon de route de la Fania All-Stars, continue de parcourir les festivals pour donner sa version d'un jazz imprégné de teintes africaines.
Il n'est pas l'homme d'un seul tube. Si Soul Makossa l'a fait roi en pleine ère early disco, il est bon de rappeler que Manu Dibango est venu à la musique par le jazz, qu'il découvrît peu après son arrivée en France, où il était venu poursuivre ses études muni de Trois kilos de café qui devaient lui permettre de payer ses frais avec l'argent de la revente et donnèrent bien des années plus tard son titre à une autobiographie fascinante tant le Camerounais a voyagé, innové, rencontré, symbolisant à merveille la délicieuce époque des indépendances africaines, quand l'espoir faisait briller les yeux d'une jeunesse pétrie de talent.
Politique (le panafricanisme emmené par Kwame Nkrumah), photographie (l'immense Malick Sidibé, récemment décédé), mode, et bien sûr musique (la rumba zaïroise !)... Les swinging sixties ne se cantonnaient pas à Londres ou San Francisco, mais essaimaient aussi à Bamako, Kinshasa et Addis-Abeba.
Manu Dibango, lui, découvre d'abord le jazz et ne l'abandonnera plus jamais. Nous sommes dans les années 50 et il côtoie Francis Bebey, qui l'initie et lui apprend les fondamentaux du genre venu des États-Unis. Vite, il métisse son jazz d'influences venues de son continent natal, en fréquentant la vivace et créative scène congolaise de Bruxelles, où il s'est installé un temps : la communauté est alors en lien direct avec l'énergie décuplée de Kinshasa, où Grand Kalle fait des merveilles. Ce dernier, informé, embauche le jeune saxophoniste et l'emmène en tournée au pays, où Manu finit par s'installer, enregistrant avec son leader le titre emblématique de cette époque, en 1960 : Indépendance Cha Cha.
La suite passe par Soul Makossa, Michael Jackson, Rihanna ou encore Serge Gainsbourg... Mais surtout par la création d'un jazz bien à lui, profondémment africain et inspiré, que le grand Manu continue de défendre chaque été dans les festivals : une clôture parfaire pour Parfum de Jazz.
Manu Dibango
À Saint-Paul-Trois-Châteaux le samedi 27 août dans le cadre de Parfum de Jazz