Un(e) auteur(e) faisant le grand plongeon avant la sortie de son film laisse son œuvre orpheline, autant que ses spectateurs — le public éprouve en effet une impression d'inachèvement, comme si la voix portant le récit s'était étouffée en cours de phrase. Car une réalisation posthume tient de l'énigme ; certes, elle triomphe de la mort, mais ne peut se défaire d'une incertitude : correspond-elle aux désirs de l'absent(e) ?
Cette charge funèbre pèse sur L'Effet aquatique comme un péché originel. Dommage pour une comédie, pourrait-on penser, mais ce qu'elle amène de mélancolie se marie avec la musique intime de Sólveig Anspach, dont le cinéma n'a cessé de redonner à des éclopés ou des pieds-nickelés le goût de la fantaisie.
Elle a même ici l'arrière-goût chloré des bassins bleutés, ce (mi)lieu intermédiaire où l'on se met presque totalement à nu. Démarrant comme un huis clos timide et recroquevillé, le film se déploie au contact de l'eau pour gagner les rives de l'Islande et celles de la comédie romantique — ou plutôt de la romance comique. Assumant sa naïveté comme une douceur, il semble prôner l'utopie du coup de foudre et la persévérance des idéalistes. Cela peut surprendre dans un contexte ordinairement cynique.
L'Effet aquatique de Sólveig Anspach (Fr/Isl, 1h23) avec Florence Loiret-Caille, Samir Guesmi, Didda Jonsdottir...