Un film de Gabriel Mascaro (Bré, Uru, P-B, 1h41) avec Juliano Cazarré, Maeve Jinkings, Vinicius de Oliveira...
Il est des arguments de films laissant pantois, révélant l'incommensurable faculté d'imagination de leurs auteurs. Pour son atypique galerie de personnages, Rodéo mérite le pompon (à défaut des oreilles et de la queue) : on y suit une petite communauté réunie autour d'une camionneuse se livrant à des danses grimées le soir, et de sa fille. Parmi le groupe figure un vacher, Iremar, spécialiste du talcage de queues de taureau, ayant le stylisme pour violon d'Ingres. Son charme lui vaut d'être courtisé par une vendeuse de parfums proche d'accoucher — ce qui ne l'empêche pas d'arrondir ses fins de mois en étant veilleuse de nuit dans une usine textile...
Derrière ce capharnaüm baroque se dessine la situation économique calamiteuse des habitants du Nordeste (au Brésil), condamnés à empiler les boulots pour ne pas même s'en sortir ; à peine surnager jusqu'à un lendemain autant baigné d'incertitudes. C'est sans doute pour cela qu'Iremar et les autres ont des dérivatifs aussi exotiques. Lui cultive l'insolite jusque dans ses transgressions, en volant du sperme d'étalon (plutôt comique) ou en s'offrant des rendez-vous câlins dans des lieux inhabituels (plutôt sensuel).
Gabriel Mascaro réussit le petit miracle de décrire un état de nécessité ambiant sans misérabilisme, et de montrer que même au plus profond du dénuement, le rêve, l'espoir et la chaleur humaine peuvent être préservés.