Première grande expo de Jason Dodge en France

Première grande expo de Jason Dodge en France
Jason Dodge

Institut d'Art Contemporain

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

Institut d'Art Contemporain / L'Institut d'Art Contemporain consacre à l'artiste américain Jason Dodge sa première grande exposition personnelle en France. Une exposition tellement économe en propositions artistiques qu'elle en devient... déconcertante !

L'exposition de Jason Dodge à Villeurbanne est-elle un geste poétique ou au contraire un geste nul et dérisoire ? Ni l'un ni l'autre sans doute, Dodge nous plaçant plutôt dans un état de déréliction : soit un sentiment d'abandon, de solitude (que l'on pourrait aussi traduire plus brutalement par un « débrouille-toi tout seul »).

L'artiste-démiurge se retire, l'artiste ironique ou cynique aussi. Il reste alors : l'art dit "déceptif", l'absence, le vide. Et, il est vrai qu'on ne veut plus guère aujourd'hui d'artiste surplombant (avec "son" style, "sa" vision, sa toute puissance subjective), ni non plus de cynisme arty marchand. Nous avons besoin aussi de temps d'arrêt, d'image manquante, d'évider le trop-plein contemporain, de ralentir la machine productiviste, fût-elle artistique.

Adultes

Concrètement, Jason Dodge nous largue au beau milieu de ses amoncellements d'objets et de détritus au sol (des "choses" — billets de banque, feuilles mortes, stylos, magazines, des sacs plastiques, des bouteilles vides... — qu'il collecte depuis longtemps et qu'il a disposé soigneusement par terre à l'IAC), sous la lumière changeante de néons passant du rose au blanc, ou encore devant quelques ouvertures surbaissées créant de sympathiques perspectives à travers les espaces du musée...

Dodge joue le changement, le trou, le presque-rien et s'absente lui-même. Soit une sorte de maître zen qui nous demanderait à réapprendre, à voir et à éprouver, à partir de son silence. Ou une sorte de psychanalyste laissant advenir le désir du patient entre deux « Hum »...

Seulement, il y a un problème : nous sommes suffisamment adultes pour n'avoir besoin ni d'un maître surplombant, ni non plus d'un analyste ou d'un artiste nous renvoyant à nos propres désirs et subjectivité. Ni dieu ni maître (zen) : on aspire à une rencontre avec autrui dans un écart, avec une proposition plastique, à un dialogue...

Jason Dodge
À l'Institut d'Art Contemporain à Villeurbanne jusqu'au 6 novembre

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