Néon / Le centre d'art Néon nous invite à découvrir l'univers de Pedro Barateiro, à travers plusieurs de ses œuvres récentes. Et qui ont toutes pour fil rouge un verbe : résister !
« On devrait un jour représenter ce qu'on ne voit pas » écrivait le peintre surréaliste chilien Roberto Matta. Cette citation est reprise dans l'une des œuvres de Pedro Barateiro, et résume assez bien la première partie de son exposition à Néon. En entrant dans le petit centre d'art, le visiteur semble en effet en terrain connu : une grande peinture abstraite à sa droite, une sculpture minimaliste face à lui, et une "sculpture" souple ressemblant aux Anti-formes de Robert Morris à sa gauche...
Sauf que la peinture s'avère être une photographie prise avec un smartphone dans l'atelier de l'artiste, la sculpture un banc, et l'anti-forme un amas de lettres molles formant le mot "système". Voilà donc trois trompe-l'œil destinés à l'amateur d'art, jouant avec ses attentes, et protestant déjà contre l'art pour l'art, la forme pour elle-même. Ici, les œuvres se révèlent être fonctionnelles, chargées de sens et en rapport avec le monde d'aujourd'hui.
Endurance des mots
On comprend encore mieux la démarche de l'artiste portugais né en 1979 à l'étage de Néon où l'on découvre tour à tour deux films projetés, puis un poème que le visiteur peut potentiellement lire ("performer") avec un micro branché à un amplificateur... La circulation des flux financiers, la crise économique de 2008, les mouvements de protestation en Europe sont ici évoqués à travers des textes et des images.
« Ma première intention était d'écrire un poème, mais après tout ce qu'il s'est passé ces derniers mois, il était difficile d'écrire sans prendre en considération la manière dont les mots ont été traités » commence Pedro Barateiro dans son texte Épreuve d'endurance. Mots, images, sons, formes deviennent alors pour lui autant d'actes de résistance contre les pouvoirs économiques et politiques, la mise au pas du langage, le chiffrage des corps... « Une épreuve d'endurance envers les architectures de toutes les structures fausses, qui résiste à toutes les intentions arbitraires et politiques » conclue l'artiste.
Pedro Barateiro, Dancing in the studio
À Néon jusqu'au 15 avril