La Mouche / Que se passe-t-il lorsqu'un lycéen décide de ne rendre plus que des copies blanches à ses professeurs ? Avec Le Pas de Bême, le metteur en scène Adrien Béal livre une création surprenante dans la forme comme dans le fond, qui parie sur l'intelligence du public. On lui en sait gré.
Des chaises, placées en rectangle dans une salle quelconque, sur lesquelles s'asseyent les spectateurs. Au centre, sur cette scène improvisée, trois comédiens sortis du public jouent avec cette configuration originale, et jouent surtout les différents personnages du spectacle, se les échangeant au fil de la représentation. Même le principal, celui autour de qui le récit se noue : le jeune Bême, qui n'aura donc pas de visage clairement incarné.
Avec Le Pas de Bême, le metteur en scène Adrien Béal a voulu mener un travail sur la notion d'objection, en s'inspirant du roman L'Objecteur du dramaturge français Michel Vinaver (dans l'univers militaire, une jeune recrue est mise en prison pour refus d'obéissance) qu'il transpose dans le plus familier système scolaire. Avec cette fois-ci, en antihéros, un adolescent parfaitement intégré qui, un jour, se met à ne rendre que des copies blanches, sans explication. C'est à partir de ce moment-là que la machine, dont les rouages ont été inconsciemment intégrés par tous (profs, parents, camarades de classe...), va commencer à dérailler.
Ambition intime
Avec ce point de départ fort, Adrien Béal ouvre de nombreuses portes pour le spectateur en prenant soin de ne surtout pas livrer de réponses toutes faites. C'est ce qui fait la force de cette aventure modeste dans la forme mais ambitieuse dans le fond : questionner notre capacité de remise en question, ce qui peut désarçonner un public souvent confronté à un théâtre contemporain adorant délivrer de grands messages dénonciateurs.
Ici, c'est plutôt à nous de penser et d'écrire sur les pages blanches de Bême. Lourde mais passionnante responsabilité.
Le Pas de Bême
À La Mouche les mardi 7 et mercredi 8 mars