de Terence Davies (G-B, Bel., 2h05) avec Cynthia Nixon, Jennifer Ehle, Jodhi May...
Réservée et cependant rebelle, brûlant de mille passions intérieures, consumée par sa littérature, telle fut la poétesse étasunienne Emily Dickinson, qui souffrit surtout d'être femme dans l'Amérique corsetée du XIXe siècle. Et passa une part non négligeable de son existence recluse dans sa famille avant d'agoniser, à peine reconnue.
D'une élégance austère mais parsemé d'une malice retenue — à l'image de l'artiste représentée autant que du réalisateur — ce biopic joue la carte d'une intimité vivante et non compassée : Emily Dickinson n'y est pas présentée comme une introvertie entêtée déconnectée du monde, ni victime de l'autorité cassante d'un pater familias abusif (tableau banal s'il en est...). Au contraire, Terrence Davies la valorise-t-il dans son avant-gardisme moral et créatif, déroutant des proches aimants par ses aspirations à l'indépendance et à la modernité.
Fiévreusement spirituelle (il y a du Jane Austen dans certaines répliques), intellectuellement brillante, son Emily apparaît aussi comme une femme radieuse et séduisante (bravo à la photo de Florian Hoffmeister et à l'interprétation de Cynthia Nixon), empêchée de s'épanouir pleinement par les contraintes d'une époque sur laquelle elle était beaucoup trop en avance.