Il aura fallu six années pour porter la capacité totale du Comœdia de 980 à près de 1200 fauteuils. Une durée moins liée aux contraintes du chantier qu'aux impondérables. Lorsque l'INPI quitte ses locaux du 7e arrondissement à l'automne 2011, Marc Bonny saute sur l'occasion. N'ayant pas la capacité d'acheter la parcelle seul, il fait offre commune avec le promoteur Eiffage, qui souhaite bâtir un hôtel rue Raulin et utiliser les parkings sous le cinéma. L'INPI est séduit et un permis de construire unique est accordé pour l'ensemble du chantier. L'architecte des Bâtiments de France pose alors ses conditions à Eiffage : conserver intacts des éléments de façade et les voûtes souterraines. Deux ans de blocage suivront.
Lorsqu'un accord est trouvé, Marc Bonny doit repenser ses plans : l'Institut Lumière s'est glissé dans le jeu en reprenant la Fourmi et les CNP. L'architecte Yann Lecocq (qui a présidé à la renaissance du cinéma en 2006, mais aussi en 1984) imagine alors trois salles de 50, 85 et 85 places. Un Tetris en 3D optimisant astucieusement l'espace. Ne restait plus qu'à résoudre une somme hallucinante de problèmes de copropriétés et à louer le local du 11 rue Pasteur, une ancienne pâtisserie, pour créer les sorties. Lancés dans la discrétion en avril dernier, les travaux ont nécessité d'avancer l'écran de la salle 6 (en sacrifiant quelques sièges), et permis de remplacer le système de traitement d'air. Les trois nouvelles salles seront livrées mi-octobre, soit pour le Festival Lumière. « Ce n'est pas fait exprès » s'amuse Marc Bonny.