Peinture / Toujours accroc au cinéma, le peintre Claude Gazier présente une série de paysages inspirés notamment de films, ouvrant ainsi une nouvelle fenêtre thématique dans son œuvre.
Dans son atelier, Claude Gazier parle de ses peintures avec à la fois beaucoup de modestie et de précision technique : « La captation des nuances des vibrations de la lumière est le véritable sujet pictural de cette série de paysages. Pour cela j'utilise la transparence de la caséine en superposant des couches colorées sur la silice qui recouvre préalablement les tableaux : il s'agit pour moi de jouer de la contradiction entre l'affirmation de la matérialité granuleuse de la surface sablée et la recherche de l'illusion de la profondeur, tant atmosphérique que spatiale. » On entend là les leçons tirées par l'artiste des impressionnistes, mais contrairement à ses aînés, Claude Gazier ne peint pas sur le motif mais à partir de photogrammes de cinéma ou de tableaux d'autres peintres (Gerhard Richter notamment).
Le paysage me regarde
Sur ses toiles de différents formats, on reconnaît un paysage de La Mort aux trousses de Hitchcock, une scène d'Aguirre ou la colère de Dieu de Werner Herzog, et, pour les plus cinéphiles, Au fil du temps de Wim Wenders... Depuis ses débuts, Claude Gazier est fasciné par l'univers du cinéma et revisite des scènes filmiques en les transposant picturalement à sa manière. Mais le paysage est pour lui un tournant nouveau, troquant ici les tensions des relations entre des personnages de cinéma pour « les variations atmosphériques de l'air, les fumées, les brouillards, les formations nuageuses, la chaleur qui parfois trouble la vue... »
Bref, cet insaisissable et pourtant fondamental entre-deux qui à la fois sépare et relie un sujet et un objet, un observateur et un paysage. L'artiste poursuit par là l'idée d'une certaine modernité picturale (des impressionnistes à Richter) de considérer le paysage peint non plus comme une fenêtre ou un miroir, mais comme une surface de partage, de relation. Surface où je regarde autant le paysage que celui-ci me regarde, dans tous les sens du terme.
Claude Gazier, Paysages
À la Galerie Anne-Marie et Roland Pallade jusqu'au 11 novembre