Au cinéma, c'est un fait, les injustices ne manquent pas. Prenez le film d'animation Les Triplettes de Belleville (2002). S'il a valu à son réalisateur Sylvain Chomet d'être découvert et, à juste titre, apprécié, d'aucuns ont déploré que cette gloire ait insuffisamment rejailli sur un illustrateur dont le trait semble avoir été d'une inspiration déterminante : Nicolas de Crécy. Il en va de même pour la bande originale de ce film, aux accents jazzy. Bien que récompensé par un César, l'auteur de la musique demeure injustement occulté par la notoriété de l'interprète du hit-titre, Matthieu Chedid. Il est grand temps de remettre le Québécois Benoît Charest en lumière et c'est justement ce que propose l'Auditorium dans un de ces ciné-concerts dont il a le mélodieux secret.
Le compositeur et instrumentiste (il est guitariste) viendra en personne, accompagné d'une formation trépidante, agrémenter la projection de ce film. On mesurera ainsi l'importance des phrases musicales dans la construction du récit, lequel se raconte avec un minimum de mots : ils sont superflus pour narrer cette épopée haletante d'une grande-mère un peu bancale à qui des brigands ont osé enlever le petit-fils, un “forçat de la route”. Sans crainte ni peur, la vieille dame n'hésitera pas à franchir l'océan pour récupérer son adoré cycliste dérobé. Quant aux Triplettes, il ne s'agit pas d'un quelconque modèle de tricycle ni d'une équipe de pétanque, mais d'un trio de vieilles chanteuses pittoresques en rupture de music-hall parfumant l'atmosphère de leurs ritournelles swing. Méfiez-vous : elles en ont sous la pédale.
Les Triplettes de Belleville
À l'Auditorium-ONL le mercredi 6 décembre à 20h