La Cenerentola proposée par l'Opéra de Lyon en cette fin d'année est un véritable enchantement. Certes, cette version de Cendrillon par Rossini sur un livret de Ferretti est débarrassée de tous les aspects merveilleux du conte de Perrault, et nous sommes plus proche du vaudeville façon Le Barbier de Séville, un autre grand succès du compositeur, que d'un conte de fée. Pourtant, il y a de la magie dans cette production, mais elle est issue de l'ensorcelante mise en scène de Stefan Herheim. Avec une virtuosité magistrale, Herheim conjugue l'humour, le kitsch, et l'ironie. Oui, il y a des excès et de la démesure dans la mise en scène mais ils ne sont pas gratuits. Ils nous plongent dans un univers cartoonesque légèrement irrévérencieux et qui se moque avec tendresse tout autant des artifices de la machinerie d'opéra issue du baroque que de la rêverie féerique des animations des studios Disney ou Dreamworks.
Cette folle mise en scène est emmenée sur un rythme effréné par un plateau vocal enthousiaste. Les voix masculines sont en très grande forme. On retiendra surtout le timbre et le jeu de Renato Girolami en Don Magnifico, qui s'amuse comme un diable dans son costume de Louis XIV de cabaret. Si dans le quintette du premier acte, la Cendrillon de Michèle Losier manquait un peu de volume face au puissant quatuor masculin, elle se révèle rapidement à la hauteur des aiguës et des trilles que requiert la partition. Dans la fosse, le chef Stefano Montanari dirige l'orchestre avec autant de légèreté que de précision, et il faut saluer sa première prestation sur la scène de l'Opéra de Lyon. Non pas pour les saluts dont il est habitué, mais comme acteur à part entière dans la mise en scène, puisque de ce coté là, Herheim nous réserve aussi quelques surprises.
Bref, sur scène comme dans le public, cette Cenerentola est une soirée de rêve qui, pour le spectateur comme pour Cendrillon, se termine à la tombée d'un rideau qu'on aurait désiré ne jamais voir s'abaisser.
La Cenerentola
À l'Opéra de Lyon jusqu'au 1er janvier