Ciao Bello / de Luca Guadagnino (Fr-It-E-U-Br, 2h11) avec Armie Hammer, Timothée Chalamet, Michael Stuhlbarg...
Italie, dans la moiteur de l'été 1983. Elio traîne ses 17 ans entre son piano, ses doctes échanges avec ses parents, et un flirt avec Marzia. L'arrivée du nouveau doctorant de son père, Oliver, le met étrangement en émoi. D'abord distant, celui-ci se montre aussi sensible à ses appâts...
Cette roublardise de moine copiste, aux forts relents de Maurice, Chambre avec vue ou Mort à Venise entre autres films avec éphèbes torse nu et/ou James Ivory au générique et/ou Italie vrombissante de cigales, a beaucoup fait parler d'elle dans tous les festivals où elle a été distillée depuis un an — même Hugh Jackman a succombé à son charme.
Ah, c'est sûr que Luca Guadagnino ne lésine pas sur les clichés pour fédérer dans un même élan les publics quadra-quinqua (indécrottables nostalgiques, toujours ravis qu'on leur rappelle leur adolescence) et gays (jamais contre une idylle entre deux beaux gosses, dont un façon Ruppert Everett blond) ; au point que ressortir du film sans avoir Love My Way des Psychedelic Furs gravé dans le crâne, ni le désir d'un bain de minuit en mini-short relève de l'exploit. Mais que de superficialité, que de prétextes et d'auto-contemplation satisfaite pour diluer un argument de court-métrage !
Car la romance entre Elio et Oliver se révèle assez ordinaire. Cette première amourette d'ado ne se heurte à aucune impossibilité extérieure : au contraire, la famille intello et libérale d'Elio considère avec bienveillance leur relation. Et si la séparation est vécue comme un immense dramuscule par ce petit égoïste, c'est qu'il s'agit de la seule écharde dans sa vie douillette.
Donnant parfois l'impression de vouloir contrefaire jusqu'au vertige et au moindre costume l'époque de narration, Guadagnino laisse planer un doute un peu malsain sur des marques affectant le corps d'Oliver — une allusion au sida, qui commençait alors sa terrible hécatombe ? — et se montre surtout bien plus timoré que les cinéastes d'il y a trente ans (notamment Belocchio dans Le Diable au corps) au moment de filmer les étreintes charnelles. Trop poli, Call Me By Your Name est long et morne comme une méridienne sans bain.